Saint Paul écrit aux Corinthiens : (1 Co 12, 7-11)
« À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. À celui-ci est donnée, par l’Esprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans l’unique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à l’un, de parler diverses langues mystérieuses ; à l’autre, de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, c’est l’unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier. »
Les dons spirituels, ou charismes, sont des capacités surnaturelles que l’Esprit Saint donne aux croyants pour qu’ils puissent être des instruments de l’amour et de la puissance de Dieu pour leur prochain.
À partir de cette liste de saint Paul, on distingue trois sortes de charismes :
Les dons de révélation (les trois charismes de l’Esprit) : parole de sagesse, parole de connaissance, discernement des esprits
Les dons de puissance (les trois charismes dans l’action) : foi, guérisons, miracles
Les dons de parole (les trois charismes de la langue) : prophétie, langues, interprétation des langues
Cette liste n’est pas exhaustive et nous pouvons trouver dans le Nouveau testament d’autres charismes.
« Dans certains textes, l’on trouve parfois une liste restreinte de charismes, (cf. 1 P 4, 10), en d’autres, une énumération plus détaillée (cf. 1 Co 12, 8-10. 28-30 ; Rm 12, 6-8). Parmi ceux qui sont énumérés, il y a des charismes exceptionnels (de guérison, d’œuvres de puissance, du don des langues) et ceux ordinaires (d’enseignement, de service, de charité), des ministères pour la direction de la communauté (cf. Ep 4, 11) et des charismes donnés par l’imposition des mains (cf. 1 Tm 4, 14 ; 2 Tm 1, 6). Il n’est pas toujours clair si tous ces dons sont à considérer ou non comme des « charismes » proprement dits. Les dons exceptionnels, mentionnés à plusieurs reprises dans 1 Co 12-14, n’apparaissent plus en réalité dans les textes postérieurs ; la liste de Rm 12, 6-8 présente seulement des charismes moins visibles, qui ont une constante utilité pour la vie de la communauté chrétienne. Aucune de ces listes ne prétend être complète. Ailleurs par exemple, Paul suggère que le choix du célibat pour l’amour du Christ soit compris comme le fruit d’un charisme, comme aussi l’option pour le mariage (cf. 1 Co 7, 7, dans le contexte de l’ensemble du chapitre). Ces listes sont des exemplifications qui dépendent du degré de développement auquel est parvenu l’Église de cette époque et qui sont donc susceptibles d’ajouts ultérieurs. L’Église, en effet, se développe toujours au fil du temps grâce à l’action vivifiante de l’Esprit. » Lettre Iuvenescit Ecclesia aux Évêques de l’Église catholique sur la relation entre les dons hiérarchiques et charismatiques pour la vie et la mission de l’Église (2016)
L’actualité des charismes
La constitution dogmatique Lumen Gentium rappelle l’actualité des charismes dans la vie de l’Église (§ 12) :
Mais le même Esprit Saint ne se borne pas à sanctifier le Peuple de Dieu par les sacrements et les ministères, à le conduire et à lui donner l’ornement des vertus, il distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres, « répartissant ses dons à son gré en chacun » (1 Co 12, 11), les grâces spéciales qui rendent apte et disponible pour assumer les diverses charges et offices utiles au renouvellement et au développement de l’Église, suivant ce qu’il est dit : « C’est toujours pour le bien commun que le don de l’Esprit se manifeste dans un homme » (1 Co 12, 7). Ces grâces, des plus éclatantes aux plus simples et aux plus largement diffusées, doivent être reçues avec action de grâce et apporter consolation, étant avant tout ajustées aux nécessités de l’Église et destinées à y répondre. Mais les dons extraordinaires ne doivent pas être témérairement recherchés ; ce n’est pas de ce côté qu’il faut espérer présomptueusement le fruit des œuvres apostoliques ; c’est à ceux qui ont la charge de l’Église de porter un jugement sur l’authenticité de ces dons et sur leur usage bien ordonné. C’est à eux qu’il convient spécialement, non pas d’éteindre l’Esprit, mais de tout éprouver pour retenir ce qui est bon (cf. 1 Th 5, 12.19-21).
La prophétie
« Alors, après cela, je répandrai mon esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions » (Joël 3, 1).
« Recherchez avec ardeur les dons spirituels, surtout celui de prophétie… Celui qui prophétise parle pour les hommes : il est constructif, il réconforte, il encourage… Celui qui prophétise construit l’assemblée de l’Église… Si au contraire tous prophétisent, et qu’il arrive un non-croyant ou un non-initié, il se sent mis en question par tous, comme soumis à examen par tous, les secrets de son cœur sont mis au grand jour : il tombera face contre terre pour se prosterner devant Dieu et proclamer : « Vraiment, Dieu est parmi vous ! » » (1 Co 14, 1…25).
« Faute de prophétie, le peuple se relâche » (Pr 29, 18).
« Le Peuple saint de Dieu participe aussi de la fonction prophétique du Christ ; il répand son vivant témoignage avant tout par une vie de foi et de charité, il offre à Dieu un sacrifice de louange, le fruit de lèvres qui célèbrent son Nom » (cf. He 13, 15).
Dans son livre « Renouvelle tes merveilles, des dons spirituels pour aujourd’hui », Damian Stayne définit la prophétie comme un message inspiré qui porte en lui la puissance créatrice et transformante du Royaume de Dieu. Le mot « inspiré » fait référence à une action de l’Esprit Saint en nous.
« Le Christ, grand prophète, qui par le témoignage de sa vie et la vertu de sa parole a proclamé le Royaume du Père, accomplit sa fonction prophétique jusqu’à la pleine manifestation de la gloire » (Lumen Gentium, §35).
Nous pouvons distinguer deux types de prophétie : la prophétie d’inspiration et la prophétie de révélation.
La prophétie d’inspiration
Cette prophétie est habituellement simple et exprime quelque chose de déjà connu. Par exemple, « je crois que le Seigneur dit : « Je vous aime, mes enfants » ou « je pense que le Seigneur dit : « Je suis avec vous. » Ce que nous savons au plan théorique peut à cette occasion passer de la tête au cœur.
La prophétie de révélation
Par la prophétie de révélation, nous désirons trois choses décrit Damian Stayne :
Partager la connaissance de Dieu, son cœur et sa sagesse. Voici un exemple de prophétie :
Premièrement, les paroles de connaissance : « J’ai reçu le nom de Tom et j’ai vu que vous êtes comptable. J’ai senti que vous aviez souffert au travail, vous sentant sous-estimé, ce qui vous a sensiblement déprimé. » La révélation surnaturelle de faits et de détails non connus naturellement, que nous expérimentons dans la prophétie de révélation est souvent appelée « parole de connaissance. »
Deuxièmement, le cœur de Dieu : « En priant, j’ai senti le grand amour de Dieu pour vous; il a vu à quel point vous avez été consciencieux dans votre travail. J’ai senti qu’il voulait vous affirmer et vous encourager, et que même si les autres ne reconnaissent pas votre valeur dans cette situation, votre Père céleste la connaît. Il se soucie beaucoup de vous et vous récompensera pour tout votre travail. Alors ne vous découragez pas, le Seigneur est avec vous. » Dieu, qui a fait croître la foi et ouvert le cœur de la personne ou du groupe à travers des paroles de connaissance, lui révèle ensuite son cœur.
Troisièmement, la sagesse de Dieu : « J’ai senti que le problème avait ses racines dans votre relation à votre patron. Je pense que le Seigneur vous invite à prier pour lui régulièrement et vous verrez un changement. » C’est le don spécial de connaître précisément la sagesse de Dieu pour telle personne, à tel moment, dans telle situation.
Les trois parties de la prophétie
L’information : c’est ce que le Seigneur nous montre.
L’interprétation : être attentif à l’interprétation du Seigneur.
L’application : cela nous indique ce que nous devons faire de ce que le Seigneur nous dit.