Les paroles de Jésus ne passeront point

Le passage évangélique de la liturgie d’aujourd’hui s’ouvre sur une phrase de Jésus qui nous stupéfie : « Le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière; les étoiles se mettront à tomber du ciel » (Mc 13, 24-25). Mais comment, le Seigneur aussi commence à faire du catastrophisme ? Non, ce n’est certainement pas là son intention. Il veut nous faire comprendre que tôt ou tard, tout passe dans ce monde. Même le soleil, la lune et les étoiles qui forment le « firmament » — un mot qui indique « fermeté », « stabilité » — sont destinés à passer.

Mais à la fin, Jésus dit ce qui ne s’effondre pas : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point ». Il établit une distinction entre les avant-dernières choses, qui passent, et les dernières choses, qui restent. C’est un message pour nous, pour nous orienter dans nos choix de vie importants, pour nous guider sur ce qui vaut la peine d’investir la vie. Sur ce qui est transitoire ou sur les paroles du Seigneur, qui restent pour toujours ? Évidemment sur celles-ci. Mais ce n’est pas facile. En effet, les choses qui tombent sous nos sens et qui nous donnent immédiatement satisfaction nous attirent, tandis que les paroles du Seigneur, bien que belles, vont au-delà de l’immédiat et elles demandent de la patience. Nous sommes tentés de nous accrocher à ce que nous voyons et touchons et cela nous semble plus sûr. C’est humain, c’est la tentation. Mais c’est une tromperie. Voilà donc l’invitation : ne pas construire sa vie sur le sable. Lorsque l’on construit une maison, on creuse en profondeur et on pose des fondations solides. Seul un sot dirait que c’est de l’argent jeté pour quelque chose qui ne peut pas être vu. Le disciple fidèle, pour Jésus, est celui qui fonde sa vie sur le roc, qui est sa Parole qui ne passe pas, sur la fermeté de la parole de Jésus : c’est le fondement de la vie que Jésus veut de nous, et qui ne passera pas.

Et maintenant demandons-nous : quel est le centre, quel est le coeur battant de la Parole de Dieu ? Qu’est-ce qui, en somme, donne de la solidité à la vie et ne finira jamais ? Le centre même, le coeur qui bat, ce qui donne la solidité, c’est la charité: « La charité ne passe jamais », dit saint Paul, c’est-à-dire l’amour. Celui qui fait le bien investit pour l’éternité. Quand nous voyons une personne généreuse et serviable, douce, patiente, qui n’est pas envieuse, qui ne commère pas, ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, ne manque pas de respect, c’est une personne qui construit le Ciel sur terre. Peut-être qu’elle n’aura pas de visibilité, qu’elle ne fera pas carrière, qu’elle ne fera pas la une des journaux, et pourtant ce qu’elle fait ne sera pas perdu. Parce que le bien n’est jamais perdu, le bien reste pour toujours.

Pape François, Angélus du 14 novembre 2021